Damien Mascret observe dans Le Figaro qu’« il y a une dizaine d’années, à l’université de Copenhague [Danemark], le Pr Bente Klarlund Pedersen et son équipe de recherche ont  une drôle d’idée. Ils ont invité des hommes jeunes et en bonne santé qui faisaient environ 10.000 pas par jour à faire l’inverse, c’est-à-dire à réduire leur activité pour ne plus en faire que 1.500 par jour ».

Le journaliste relève que « 2 semaines de cette sédentarité expérimentale ont suffi pour voir leur tolérance au glucose et aux lipides s’effondrer. Plus spectaculaire encore, bien qu’ils n’aient pas pris de poids, leurs organes abdominaux se sont recouverts de graisse (obésité viscérale, + 7%) ».
Damien Mascret ajoute que « 5 ans plus tard, l’équipe danoise du Pr Pedersen (Centre sur l’inflammation et le métabolisme) montrait cette fois que, du moment qu’ils faisaient au moins 10.000 pas par jour, des hommes jeunes pouvaient se permettre d’avaler plus de 2.000 calories par jour sans déclencher ces effets métaboliques délétères ».
« Notamment sans provoquer l’apparition d’une obésité viscérale qui fait le lit de l’inflammation de l’organisme (méta-inflammation) avec des conséquences négatives sur le système immunitaire », indique le journaliste.

Le Pr Pedersen précise : « J’ai voulu comprendre par quel mécanisme l’exercice physique pouvait réguler le système immunitaire et je suis tombé sur l’interleukine-6 (IL-6), j’ai alors cherché la source de l’IL-6 et j’ai trouvé qu’elle était produite par le muscle à l’effort ».
Damien Mascret explique que ce travail à paraître dans la revue Current Opinion in Physiology « développe l’hypothèse du rôle central de cette protéine, fabriquée dans les muscles et capable de stimuler le système immunitaire. La confirmation d’un effet bénéfique de l’activité physique sur l’immunité ».
Le journaliste rappelle ainsi que « James Turner et John Campbell, chercheurs à l’université de Bath (Grande-Bretagne), ont montré que [les taux des cellules de l’immunité] augmentent fortement dans le sang dès le début de l’exercice puis diminuent à mesure que les cellules immunitaires gagnent les organes susceptibles d’être agressés, notamment les poumons ».

Le Pr Dylan Thompson (université de Bath) précise que « l’intensité de l’effort et la durée de l’activité doivent être soutenues pour observer ces effets sur le système immunitaire. […] Il faut une activité physique vigoureuse d’au moins 30 minutes ».

Damien Mascret note donc que « le Pr Pedersen et ses collègues pensent aussi que l’IL-6 libérée pendant l’effort musculaire pourrait expliquer l’effet anticancer de la pratique sportive ». Les chercheurs écrivent que « l’IL-6 joue un rôle en dirigeant les cellules NK sur les sites tumoraux pendant l’exercice ».

Le Pr Thompson réagit : « C’est encore spéculatif à ce stade, mais c’est une proposition stimulante ». Le spécialiste évoque une autre étude en cours à l’université de Bath, qui a pour but de « regarder si l’exercice physique peut améliorer la réponse à des traitements où l’immunité est importante, par exemple pendant une chimiothérapie ».